mardi 17 février 2009

de la psychose qui engendre la psychose !

Ce soir, j'ai pris en cours la fameuse émisssion de Christophe Hondelatte, faites entrer l'accusé. Je n'ai vu que la fin de la première partie, mais ai suivi avec intérêt la seconde. L'intérêt de cette émission, à mon avis, lorsqu'elle associe un débat, c'est d'engendrer un questionnement, ou une affinement d'un point de vue chez le téléspectateur. Et il faut se réjouir de cette initiative forte dans le groupe France Télévision. Et ce soir, la réflexion était bien au rendez-vous. Je ne vous ferai pas un résumé des débats, ce n'est pas à ma hauteur, je prendrais le risque de mal relater certains propos et d'amener des contresens sur d'autres. Néanmoins, comme étudiante en Master de Psychologie, j'ai été sensible aux propos du psychiatre, et c'est l'objet de ce petit post.

La psychose fait peur. Probablement du fait de l'étrangeté des sujets psychotiques en crise, de la violence générée par cette étrangeté, car ce qui fait peur, ce n'est pas tant l'étrangeté elle-même que le fait que cette étrangeté soit manifestée chez un semblable à nous mêmes. Car à bien y réfléchir, le monde animal ou les phénomènes géophysiques peuvent parfois nous paraitre bien étranges, mais ils ne font pas écho de la même façon à ce que nous sommes que l'étrangeté vécue chez un semblable. Et il est important d'analyser les ressorts de cette peur, car elle tend, pradoxalement, si elle n'est pas analysée, à emmener les êtres que nous sommes à en prendre la direction...

Je m'explique, le reportage de faites entrer l'accusé, de même que de nombreux médias, met en relief à foison les "agressions commises par des schizophrènes". Cette manière de dire les choses est un raccourci qui tend à ne plus faire la différence entre une personne qui commet un acte ou a un comportement particulier et cette personne elle-même. Aussi pour ma part, je préfère parler d'une personne souffrant de schizophrénie que d'un schizophrène. Et cette confusion, aliée à notre extraordinaire capacité à établir des liens de cause à effet là où il n'y en a pas, risque de nous inviter à conclure qu'il y a décidément beaucoup d'actes malfaisants commis par des personnes souffrant de schizophrénie et donc que les personnes souffrant de schizophrénie sont très dangereuses et donc qu'il faut s'en méfier outre mesure... Et c'est précisément à ce moment-là que la peur dont on n'a pas explicité les ressorts nous conduit à adopter des mécanismes proches de ceux utilisés par les personnes schizophrènes : se méfier de ces personnes car elles pourraient nous causer du tort !

Il faut savoir que dans les sociétés européennes, il y a en moyenne 1% de personnes shizophrènes. Autant dire que chacun d'entre nous en croise statistiquement plusieurs par semaine : en allant faire les courses dans les hypermarchés, en allant au cinéma dans les grandes salles, au concert, que sais-je encore ? Or, avez-vous déjà été vistime du comportement supposé dangereux de personnes souffrant de schizophrénie ? La grande majorité, j'imagine, me dira que non !

Alors, attention de ne pas nous laisser envahir par la "psychose" à laquelle nous incitent les médias. Les personnes schizophrènes sont auteurs en moyenne de 3 % des actes pénaux jugés dans nos tribunaux, pas de quoi se focaliser abusivement donc ! Je connais pour ma part deux adultes atteints du trouble de la schizophrénie, tous deux n'ont jamais eu affaire à la justice et exercent chacun un métier, ont une vie de famille.

Je tenais à apporter cet éclairage, car je pensais à ces deux amis en regardant l'émission ce soir, et s'ils l'ont regardée aussi, ils ont dû souffrir de voir le tableau criminel qu'on dressait de leurs semblables quant aux troubles. Ces personnes souffrent incroyablement de leurs troubles, n'y ajoutons pas, par une peur non justifiée, un regard qui les écarte de l'humanité qu'ils partagent au même titre que nous !

Sur ce, belle nuit !

Géraldine

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