Anciens collègues ou amis de promo,
voici une nouvelle (article du Monde paru le 4 avril dernier) qui a été peu divulguée dans les médias et que je vous livre pour info : ça chauffe à ST !
Les salariés en grève de STMicro, "naufragés du CAC 40", rêvent d'"un mouvement unifié"
Ils s'appellent les "naufragés du CAC 40". Ces salariés de STMicroelectronics campent depuis 15 jours sur un petit rond-point situé devant leur usine de Rousset (Bouches-du-Rhône) bravant mistral, pluie et neige. Les pieds dans la boue, ils ont tendu des bâches pour protéger leurs lits de camp et leur cuisine de campagne. Autour de ce réduit qu'ils ont baptisé "notre bateau", des braseros brûlent des palettes pour les réchauffer.
En ce 3 avril, ils ont organisé un pique-nique de solidarité avec les unions syndicales départementales. Mais ils doivent surtout décider de la suite à donner à leur action.
Deux jours plus tôt, Jérôme Poulet, de la CFDT, commentait ainsi la deuxième négociation tenue le 31 mars à l'inspection du travail d'Aix : "Je vais vous parler des avancées (obtenues) depuis la semaine dernière... En fait, il n'y a pas eu d'avancée !" Et de détailler les propositions de la direction : "2,7 % (de hausse des salaires) en moyenne, dont une partie au mérite", une augmentation de la prime industrielle de 200 euros - de 500 euros pour les mois en cours, et de 100 euros pour les autres "sous réserve que l'absentéisme collectif soit inférieur à 5 %" - et des modalités de paiement des jours de grève améliorées. " On s'est pas mis en grève pour le paiement des jours de grève", ajoutait alors Yann Moret, responsable CGT, qui rappelait "les 3 % qu'on demande depuis des semaines - et pas en prime".
IRRÉDUCTIBLES
Mardi midi, comme mercredi soir, la poursuite de l'action a été votée à l'unanimité de la petite centaine de salariés présents, tous opérateurs ou techniciens. Les 1 200 cadres - sur 2 800 salariés - ne participent pas à la grève.
Pour expliquer cette ténacité, M. Moret explique que "ça chauffait depuis longtemps et en particulier depuis la préparation de la négociation annuelle obligatoire (NAO)". Les propositions de la direction y étaient apparues d'autant plus inacceptables aux grévistes que "Carlo Bozotti, notre patron, s'est augmenté de 119 % et que la boîte a versé 209 millions d'euros aux actionnaires", précise le syndicaliste.
Interrogée, la direction explique, pour sa part, que le taux de grévistes "ne dépasse pas les 5 % des effectifs". Elle souligne aussi que la "prime industrielle a été augmentée de 200 euros" et qu'un effort particulier a été fait pour les bas salaires.
Les grévistes, qui affirment représenter une plus forte proportion des salariés, craignent que la direction joue la carte du pourrissement du conflit : la production du site a pu reprendre depuis que le piquet de grève a été contraint par la justice de laisser entrer les camions de livraison. Ils en veulent surtout à l'Etat, qui vient d'augmenter sa participation au capital à 13,77 %, et dont les dirigeants, insiste M. Poulet, "parlent tous les jours de pouvoir d'achat, mais refusent les augmentations de salaires".
L'espoir de ces irréductibles est que leurs collègues des autres sites les rejoignent. Selon Marc Leroux, délégué central CGT de STMicroelectronics, il y a des "assemblées de protestation régulières à Grenoble et des débrayages à Crolles (Isère), en particulier les week-ends". Mais, à son grand regret, il n'y a pas encore de "mouvement unifié".
Michel Samson
Article paru dans l'édition du 04.04.08.
En ce 3 avril, ils ont organisé un pique-nique de solidarité avec les unions syndicales départementales. Mais ils doivent surtout décider de la suite à donner à leur action.
Deux jours plus tôt, Jérôme Poulet, de la CFDT, commentait ainsi la deuxième négociation tenue le 31 mars à l'inspection du travail d'Aix : "Je vais vous parler des avancées (obtenues) depuis la semaine dernière... En fait, il n'y a pas eu d'avancée !" Et de détailler les propositions de la direction : "2,7 % (de hausse des salaires) en moyenne, dont une partie au mérite", une augmentation de la prime industrielle de 200 euros - de 500 euros pour les mois en cours, et de 100 euros pour les autres "sous réserve que l'absentéisme collectif soit inférieur à 5 %" - et des modalités de paiement des jours de grève améliorées. " On s'est pas mis en grève pour le paiement des jours de grève", ajoutait alors Yann Moret, responsable CGT, qui rappelait "les 3 % qu'on demande depuis des semaines - et pas en prime".
IRRÉDUCTIBLES
Mardi midi, comme mercredi soir, la poursuite de l'action a été votée à l'unanimité de la petite centaine de salariés présents, tous opérateurs ou techniciens. Les 1 200 cadres - sur 2 800 salariés - ne participent pas à la grève.
Pour expliquer cette ténacité, M. Moret explique que "ça chauffait depuis longtemps et en particulier depuis la préparation de la négociation annuelle obligatoire (NAO)". Les propositions de la direction y étaient apparues d'autant plus inacceptables aux grévistes que "Carlo Bozotti, notre patron, s'est augmenté de 119 % et que la boîte a versé 209 millions d'euros aux actionnaires", précise le syndicaliste.
Interrogée, la direction explique, pour sa part, que le taux de grévistes "ne dépasse pas les 5 % des effectifs". Elle souligne aussi que la "prime industrielle a été augmentée de 200 euros" et qu'un effort particulier a été fait pour les bas salaires.
Les grévistes, qui affirment représenter une plus forte proportion des salariés, craignent que la direction joue la carte du pourrissement du conflit : la production du site a pu reprendre depuis que le piquet de grève a été contraint par la justice de laisser entrer les camions de livraison. Ils en veulent surtout à l'Etat, qui vient d'augmenter sa participation au capital à 13,77 %, et dont les dirigeants, insiste M. Poulet, "parlent tous les jours de pouvoir d'achat, mais refusent les augmentations de salaires".
L'espoir de ces irréductibles est que leurs collègues des autres sites les rejoignent. Selon Marc Leroux, délégué central CGT de STMicroelectronics, il y a des "assemblées de protestation régulières à Grenoble et des débrayages à Crolles (Isère), en particulier les week-ends". Mais, à son grand regret, il n'y a pas encore de "mouvement unifié".
Michel Samson
Article paru dans l'édition du 04.04.08.
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