mercredi 16 janvier 2008

Faites entrer l'accusé ou petit traité de psychopathologie...

Hier soir, c'était la géniale soirée : d'abord, il y avait trop de vent pour le match de foot, alors ma mouche en short préférée et moi, on s'est installées devant Cold Case. Trop fort France 2 ! Ca m'a fait du bien de revoir le personnage de Lili Rush et de me remettre en mémoire les tubes de l'année 90.

Et après cette géniale série, une géniale émission : Faites entrer l'accusé, présentée par Christophe Hondelatte. Comment ça, vous voyez pas qui c'est ! Bon, ben alors deux options : allumer votre TV mardi soir prochain en deuxième partie de soirée sur France 2, si votre âme n'est pas trop sensible, ou encore votre radio sur RTL demain matin : à défaut de le voir, vous l'entendrez !


Je dis géniale émission, non parce que je suis portée sur le morbide, mais parce que ces émissions donnent toujours quelques éléments psychopathologiques sur le tueur et la victime, ce qui intéresse au premier plan l'étudiante en psychologie que je suis. Et hier, j'ai été servie ! Une histoire étonnante : un type qui a l'air normal, sans ennemi, en pleine santé, sportif, qui se retrouve mort en un mois ! L'histoire n'est pas banale : sa femme a manipulé le médecin de famille, après en avoir fait son amant, au point de le mettre sous influence telle que le médecin, par ailleurs très réputé, s'est "acharné thérapeutiquement" sur le mari, si l'on peut dire, jusqu'à le tuer !

Et là, je dis "merci M. Hondelatte", car cette émission m'a permis de travailler mon cours de psychopatho. Cette femme a été diagnostiquée hystérico-perverse : hystérique, car elle s'est plainte somatiquement au médecin de famille de maux somatiques inexistants et elle a joué de la mythomanie, autre syndrome de l'hystérie, jusqu'à écrire elle-même des mots au médecin en se faisant passer pour sa petite fille, a menti sur le décès de ses deux parents, sur un cancer imaginé, sur une tante qui n'a jamais existé, que sais-je encore...

Alors voilà, il faut savoir que les plus dangereux ne sont pas forcément ceux qui le paraissent le plus : il y a trois organisations psychiques profondes : la structure psychotique, particulièrement caractérisée par des délires de toutes sortes, censés "défendre" le sujet contre une angoisse de morcellement qui conduirait à une mort par éclatement, ce n'est pas le cas de cette femme, qui ne présente aucun symptôme délirant. La structure névrotique ensuite, qui induit chez le sujet un conflit entre ses fantasmes et les interdits qu'on lui a inculqués, et qui se traduit par un refoulement des éléments psychiques qui génèrent un tel conflit, les dits éléments revenant dans la conscience sous forme de symptômes névrotiques. L'organisation état limite enfin, où le sujet, dit psychopathe, est mû psychiquement par une angoisse d'abandon qui se traduit par un clivage psychique. Ce clivage est en fait une sépration dans le psychisme de différents compartiments disjoints les uns des autres. En somme, le sujet état limite présente une blessure narcissique insupportable pour lui, qu'il tente sans cesse de combler en essayant par tous les moyens de se faire bien voir d'Aurtui. Pour l'état limite, autrui n'est pas considéré comme un sujet indépendant doué d'une liberté d'agir, mais comme un moyen d'être comblé narcissiquement. On voit poindre ici la manipulation : il faut se servir de l'autre pour combler coûte que coûte cette faille narcissique qui ronge de l'intérieur. Tous les moyens sont bons : on comprend alors la vie de cette femme hytérico-perverse : pour amener le médecin à entrer dans son jeu, le moyen le plus efficace était de se faire passer pour malade, le clivage a fait le reste, générant pour de bon des syndromes hytériques. Ensuite, il ne restait plus qu'à manipuler, en jouant sur le mensonge pour asservir toujours plus le médecin, choisi comme l'objet qui devait combler la faille narcissique. Le problème c'est que ces processus n'ont pas de sens pour un sujet non état limite, comme vous et moi en somme, du moins je présume. Et c'est la raison pour laquelle on ne trouvait pas de mobile au crime : pas d'enjeu de pouvoir ni de sexe, non simplement le besoin "vital" d'échapper à cette angoisse d'abandon par le comblement de la faille narcissique. Et l'absurde éclate au grand jour durant le procès : une fois que la supercherie a été dévoilée, le médecin ne peut plus jouer le rôle de celui qui comble la faille narcissique, la femme retourne alors sa veste pour clamer le fait qu'elle ne savait pas que le médecin essayait de tuer son mari. Elle, victime, dit-elle, avait pris contact avec le médecin de famille pour sauver son couple, et c'est le médecin, à son insu, qui a empoisonné le mari !

Terrifiant non ? Alors un petit conseil, les états limites sont des gens qui passent le plus souvent entre les mailles des services de soins psychiques, vous pouvez donc être amené à en rencontrer dans votre travail ou dans votre entourage. Lorsqu'une personne se présente "lisse" avec un besoin exacerbé de reconnaissance, posez-vous la question... sans devenir pour autant parano !

Allez sur ces bonnes paroles, belle journée !

Géraldine

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