Intouchables. Étonnant d'avoir ainsi nommé ce film qui a touché au coeur plus de 13 millions de français.
Alors, voilà, j'ai mis un mois et demi pour aller le voir, salle pleine oblige, et puis, j'y suis allée... Le jour de Noël. Excellent choix pour un jour comme celui-ci.
Intouchables, c'est avant tout l'histoire d'une rencontre, improbable. Une rencontre entre deux cultures, deux formes de misère que tout oppose. D'un côté, un homme riche, "cultivé", comme l'on dit, mais pauvre d'avoir perdu l'usage de ses membres et leur sensibilité, donc banni de l'humanité. De l'autre, un homme "inculte", comme l'on dit, qui vient des "quartiers sensibles" comme l'on dit, et qui a un passé judiciaire, donc plus d'avenir, à priori, banni de l'humanité. Et pourtant, il y a rencontre. Rencontre de ces deux hommes, car chacun en fait possède une humanité.
Ce film nous rappelle que dans notre société médiatique, basée sur l'image, bien pensante, qui ne laisse pas de place à la différence, les apparences sont trompeuses et lorsqu'elles sont bannies, elles peuvent receler bien des trésors. Philippe, le riche, souffre de ne pas être considéré comme humain. Il souffre de "faire pitié" à ses congénères non handicapés. La pitié peut tuer. Rappelons-nous en. Driss, l'homme des banlieues qui l'assiste dans son quotidien, souffre de ne pas être admis dans cette société pour diverses raisons que le film ne nomme pas : sa couleur de peau, son origine des banlieues, sa culture différente, et son casier judiciaire. Il a jeté l'éponge et ne pense qu'à utiliser le système pour vivre dans l'assistanat.
Et puis arrive la rencontre, rencontre rendue possible parce que Driss est "sans pitié" mais respectueux pour l'homme qu'il aide, ce faisant il redonne à Philippe sa dignité, et Philippe, car il fait fi des conseils de ses amis qui lui demandent de choisir un personnel plus conforme à son statut social, et ose donner sa chance à cet homme, Driss, peu recommandable.
De cette rencontre naît une amitié rendue possible par un pas de chacun vers l'autre pour accepter la culture de l'autre. Ainsi, Driss s'ouvre à la peinture et la musique classique, Philippe à la musique disco et aux joints qui apaisent ses douleurs physiques. Et de cette amitié renaît la vie pour chacun à travers le partage d'expériences : la conduite à grande vitesse à bord d'une voiture de luxe, le parapente, activité dont un accident avait paralysé Philippe.
Et si la vie, c'était ça ! La rencontre, l'amitié, le partage d'expériences agréables. Et si c'était cette simplicité, mais cette force d'émotions partagées, qui avait réveillé les Français de la léthargie dans laquelle les plongent les médias aujourd'hui. Remarquez que dans ce film, il n'y a pas une seule scène de cul et pas une seule scène de violence. L'adrénaline est ailleurs. Elle est dans la vie pleinement vécue au-delà des préjugés et des stéréotypes dans lesquels notre société se plait à nous enfermer.
Merci à vous, spectateurs touchés par ce film, de l'avoir plébiscité. A vous maintenant de chercher à faire vôtre cette vie qui vous a été projetée sur les écrans. Le vie naît et renaît de la différence, du partage de cette différence, où chacun s'enrichit de l'autre dans la rencontre. Pas besoin de tout ce matériel dont on nous a rabattu les oreilles pendant ce mois qui a précédé les fêtes. Pas besoin de tout cet avoir. On ne peut avoir et être. Il faut choisir. Mais l'être est intemporel alors que l'avoir appauvrit l'être...
En ces fêtes de fin d'année, j'espère que vous aurez pu partager cet "être" avec celles et ceux qui vous sont chers et que vous remettrez ça avec vos amis dans une petite semaine.
Belle année 2012 ! L'année où tout bouge !
Géraldine
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