samedi 6 décembre 2008

Etes-vous addictif ?

L'addiction est une notion bien déformée dans nos sociétés occidentales. Si je vous dis addiction, vous pensez immédiatement à la cigarette. Et vous avez partiellement raison, car les auteurs actuels tentent à penser que la cigarette n'est pas l'objet le plus addictif. Le jeu ou encore les achats compulsifs, certaines pratiques intensives de sport ou certaines formes de pratiques sexuelles seraient plus addictives que la cigarette...

Goodman, psychiatre américain, donne en 1990 une définition opératoire de l'addiction dont le DSM (Diagnostic and Statistic Manual for mental disorders) et la CIM (Classification Internationale des Maladies) s'inspirent largement pour définir leurs critères de diagnostic. La voici :
A/ Impossibilité de résister aux impulsions à réaliser ce type de comportement.
B/ Sensation croissante de tension précédant immédiatement le début du comportement.
C/ Plaisir ou soulagement pendant sa durée.
D/ Sensation de perte de contrôle pendant le comportement.
E/ Présence d'au moins cinq des neuf critères suivants :
1. Préoccupation fréquente au sujet du comportement ou de sa préparation.
2. Intensité et durée des épisodes plus importantes que souhaitées à l'origine.
3. Tentatives répétées pour réduire, contrôler ou abandonner le comportement.
4. Temps important consacré à préparer les épisodes, à les entreprendre, ou à s'en remettre.
5. Survenue fréquente des épisodes lorsque le sujet doit accomplir des obligations professionnelles, scolaires ou universitaires, familiales ou sociales.
6. Activités sociales, professionnelles ou récréatives majeures sacrifiées du fait du comportement.
7. Perpétuation du comportement bien que le sujet sache qu'il cause ou aggrave un problème persistant ou récurrent d'ordre social, financier, psychologique ou physique.
8. Tolérance marquée : besoin d'augmenter l'intensité ou la fréquence pour obtenir l'effet désiré, ou diminution de l'effet procuré par un comportement de même intensité.
9. Agitation ou irritabilité en cas d'impossibilité de s'adonner au comportement.
F/ Certains éléments du syndrome ont duré plus d'un mois ou se sont répétés pendant une période plus longue.

Selon cette définition, la cigarette aurait comme caractéristique des difficultés au sevrage, entrainant, entre aurtes, irritabilité, difficultés de concentration, augmentation de l'appétit. Mais le pouvoir psychoactif de la cigarette est relativement faible. Ainsi, le tabac serait lié plus à des circonstances sociales où interviennent une anxiété liée à la situation de groupe, la posture, les rituels...
Si le sujet vous intéresse, je vous conseille un petit ouvrage fort bien fait : psychopathologie des addictions par JL Pedinielli, G. Rouan et P. Bretagne chez PUF.


A l'approche de Noël, j'en déduis donc qu'il vaut mieux se réjouir d'un bon barreau de chaise, plutôt que de s'encombrer la vie avec une de ces nombreuses consoles de jeu qui fleurissent sur nos écrans médiatiques actuellement ! J'en déduis aussi qu'il faut peut-être dédramatiser le comportement de son ado qui cherche à goûter à la cigarette. Bien sûr, mon propos n'est pas de s'en réjouir, pour être fumeuse depuis l'adolescence, je sais quel esclavage peut représenter la cigarette, et à l'évidence, il vaut mieux ne jamais commencer. Non, ce que je pense c'est que bon nombre de parents se font une montagne de leur progéniture qui cherche à goûter à la cigarette et ne perçoivent pas forcément le danger autrement plus aliénant de rester "scotché" des heures sur un "chat" ou sur un jeu video de guerre presque plus vrai que nature... De toute manière, c'est bien connu, le vrai danger se cache souvent sous des apparences bien trompeuses, en l'occurence ludiques !

Allez, joyeux noël et ne culpabilisez pas trop si les fêtes de famille sont pour vous l'occasion de fumer quelques bonnes "clops" ou cigares exquis !

Géraldine

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