jeudi 25 septembre 2008

Envoyé spécial à l'école...analyse !

Ce soir, soirée Envoyé Spécial. Je ne suis pas une habituée de l'émission, mais bon, une fois de temps en temps, pourquoi pas. Je me méfie toujours de ces émissions réputées à haut "potentiel de crédibilité" mais qui peuvent avoir aussi un point de vue pas forcément objectif, surtout pour les reportages concernant la France.
Bref, ce soir, c'est soirée Envoyé Spécial. Le premier reportage retient mon attention. Il concerne l'école en France et plus particulièrement une école dite "sensible". Au fait, sensible pour qui, pour quoi ? Je déteste ce mot, je le trouve d'une hypocrisie affligeante. Alors "sensible", ça veut dire quoi ? Expression inventée plutôt par les "bien pensants" qui, s'ils vivaient la vie de ces familles ou quartiers qu'ils disent "sensibles" s'en sortiraient dans la vie avec probablement moins de brio que les personnes qui y vivent. Ce qui me gène dans cette dénomination comme dans toutes les autres utilisées, c'est cette discrimination, cette distance impossible à franchir entre "eux" (les habitants des quartiers "sensibles" sur qui on projette tout ce que l'on ne veut pas être) et "nous" (si qui nous projetons bien évidemment ce qu'il convient d'être, et que nous ne sommes pas le plus souvent...). Mais bon, ceci est un autre débat.
Ce qui m'a marqué dans ce film, ce ne sont pas les images "de violence" dont aucune caméra ne pourra capter la réalité, puisque - et le commentateur du sujet le dit bien - la caméra, évidemment modifie le comportement des élèves, en le rendant plus agressif, le plus souvent. Et nous voilà confrontés au souci le plus délicat du chercheur en sciences humaines : le dispositif expérimental modifie la situation de la recherche et empêche d'en recueillir des données objectives. Donc, ce n'est pas le comportement des jeunes qui me marque dans ce reportage, ce sont les différences qui caractérisent deux jeunes du reportage. Ils ont le même âge ou sensiblement, vivent dans la même "cité", donc dans des conditions matérielles et sociales comparables. Pourtant, le premier est en échec scolaire, il a "séché" plus d'une centaine de demi-journées d'école avant que la Police ne s'invite chez lui, l'autre vient de recevoir les félicitations avec mention d'excellence pour son travail scolaire. La mère du premier dit devant la caméra que son mari est en prison et demande à plusieurs reprises aux policiers d'emmener aussi son fils en prison. "Je ne vais pas m'emmerder à l'éduquer" ajoute-elle en substance, puis, toujours en substance " ton père est en prison, tu finiras comme lui". Le second vit avec sa mère, mais sans son père, et sa mère explique qu'elle est fière de son fils "qui donne beaucoup et qui reçoit des gratifications en échange " (toujours en substance), et lorsque le journaliste demande au jeune garçon pourquoi il travaille bien à l'école, il répond que c'est pour faire plaisir à sa mère.
Alors, la violence à l'école, pourquoi ? Il ne faut pas tenir de discours simpliste, il n'y a évidemment pas qu'une seule cause à ce phénomène terrible de société, mais ce reportage a le mérite de souligner clairement que l'amour présent ou absent pour un enfant est une de ces causes. D'un côté ce jeune rejeté par sa mère, finit par trainer en faisant l'école buissonnière sans but, dans l'autre un enfant qui sans trop bien comprendre pourquoi l'école, travaille, principalement motivé par le but de faire plaisir à sa mère, moyen le plus à sa portée de lui rendre l'amour que sa mère a pour lui.
Il faut peut-être garder cet élément en tête, quand nous, les "bien pensants" jugeont à la hate la violence à l'école ou dans les "quartiers". Un adulte qui a été un enfant aimé n'a aucune idée du désarroi dans lequel plonge le manque d'amour auquel est confronté un enfant ou un adolescent. Et sans excuser les actes, car rien ne peut justifier le fait délinquant, au moins pourrions-nous nous abstenir de juger son auteur, car placés dans sa situation, dans sa détresse affective et son manque de repères, aurions-nous, à son âge, mieux fait ? Rien n'est moins évident et personne ne pourra jamais le dire... Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais fameux, a observé (lire à ce sujet déprivation et délinquance) des enfants et adolescents délinquants et il analyse certains de leurs faits, notamment le vol, comme le seul moyen qui soit à leur portée d'exprimer que leur mère leur manque. Comme quoi, les intentions d'un acte, peuvent être bien éloignées de ce que nous prêtons le plus souvent à leur auteur !
Voilà, c'était la pensée du soir...
Belle nuit !
Géraldine

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