mardi 15 janvier 2008

Ensemble, c'est tout !

je vous laisse gouter ce texte délicieux de mon ami Eiffel. Il n'y a rien à ajouter. Bon appétit !

Géraldine


Ensemble c’est tout. Anna Gavalda. Note 8/10.


Avez-vous déjà essayé de réunir dans la même cocotte: une Paulette bien dodue, un beau brin de Camille, un p’ti Philou et un pavé de Franck, épais à souhait ?
« ? »
« Non ? »
« ??? »
« Vraiment pas ? »

Malgré la disparité des ingrédients, je peux vous assurer que si vous suivez la recette qu’Anna Gavalda nous a mitonnée dans « Ensemble c’est tout » -et ce, je dis bien, à la lettre!- vous ne serez pas déçus du met mijoté…

Enfin pour la suivre à la lettre, c’est assez compliqué; tant on courre, que dis-je on vole au devant de ces 570 pages. On a envie de les dévorer les unes après les autres, sans prendre le temps de les accommoder, et encore moins d’en prendre note.

Cette recette, Anna aurait pu la baptiser : « La vie est belle. Mais seulement si on sait la prendre à bras le corps et la forcer à l’être. » Un peu long comme titre de roman narratif, n’est-ce pas Reine Mamadou (technicienne de surface du neuf-trois) ?

« Nan décideument ça’l fait pas… Trop long ton bidule… Bouffon ! »

Mesdemoiselles ou Mesdames les artistes, Messieurs les gastronomes épicuriens et autres Amateurs de belles pages, suivez le guide ! Et… consciencieusement s’il vous plaît ! Attention à la marche !

La Paulette, s’ennuyait ferme dans sa maisonnette, en attendant pieusement que l’heure de son dernier voyage arrive. Et puis, se prendre les pieds dans ses tapis, ou enjamber des trottoirs fuyant l’approche, ce n’était pas bon pour son teint… Cela la bleuissait trop.

Son Franck doit bien malgré lui se rendre à l’évidence: son métier de cuisinier est incompatible avec la survie de sa grand-mère, son âme, son unique amour.

Philibert, cœur d’or tachycarde, encyclopédie historique sur courtes-pates et chevalier sans monture – mais avec armure !-, recueille un oisillon mazouté, un faon apeuré : Camille, qui de musées en galères s’était réfugiée fusains en mains, dans la sous-pente glacée de son immeuble.

Nos quatre protagonistes dorénavant campés, vont nous donner une leçon de vie, chacun en la faisant mariner à sa façon, l’assaisonnant des bouquets garnis extraits de leurs envies. Chaud devant! Attentions aux papilles, car quelles effluves!

Pour usiner la vie, la tordre, en un mot la brusquer afin qu’elle rende tout son jus, et que l’on puisse laper au jour le jour sa bien maigre production, il en faut du courage, voire parfois de l’abnégation. Peut être l’indispensable regard renaissant d’une croqueuse d’art ? Et pour quel épilogue, quand finalement on le temps de se retourner ?

Merci Ch. de m’avoir fait redécouvrir le style vif et les paragraphes très courts d’Anna. Ils sont tout à la fois sa griffe, le reflet de son identité et le levain de sa pâte. C’est à s’en lécher les doigts.

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